mercredi 16 mars 2011

Etat second

Etre femme aujourd'hui, du deuxième sexe comme disait Simone de Beauvoir...
Etre une femme dans le monde.
Etre une femme en Libye, être une femme au Japon, être une femme en France.
Pas les mêmes échelles de problèmes, pas toujours facile quand même.
O combien quand la femme est mère.

Cette femme habituée à porter.
L'enfant, les enfants, le foyer, la dignité, l'époux dans l'épreuve, la faute, l'espérance, la vie, la mort, les corvées, les secrets.
Cette femme habituée à supporter. Parce qu'il faut tenir la barque dans toutes les tempêtes.
Le plus souvent pour continuer à apporter aux autres avant de pouvoir s'occuper de soi-même.
Porter la culpabilité de ne plus y arriver quand on se sent fragile, porter le deuil, porter la honte, porter la douleur comme une normalité.
Porter les blessures infligées du fait de son sexe. 
Porter en soi des milliers de questions, des besoins inassouvis, des envies futiles et des rêves porteurs.
Porter en soi l'Amour, et ses fruits, et l'inspirer, et le désirer.

Cette femme qui pourtant est presque toujours en deuxième ligne quand il s'agit d'honorer, de rémunérer, de gratifier, de reconnaître les droits ou les mérites.
Cette femme qui est éduquée à trouver cela normal, qui même dans les pays les plus civilisés, de son travail jusqu'à son nid, obéi. Car le plus souvent elle suis, accompagne, accommode, réponds aux besoins. Pour que cela se passe bien, pour ne pas être malmenée.
Parce que sa position, de femme, de mère possible, ce qui est sa force et lui donne tant de vie, la fragilise aussi.

Entre ce qui se passe dans le monde, qui est si désarmant, effrayant, affligeant, et ce qui se passe autour de moi où tant, trop, de femme sont quittées ...
Tout en ayant d'intenses pensées pour tout ceux qui souffrent si immensément, j'ai tant de peine pour toutes mes soeurs les femmes.
Il est parfois pourtant si doux et si délicieux d'en être une.

Peut-être que dans tout cela beaucoup est transcriptible au masculin, il n'y aura qu'un homme pour en juger.
Je suis un peu sonnée.

5 commentaires:

Et-fée-mère a dit…

Mêmes angoisses existentielles souvent, tout le temps en ce moment;)

marijo a dit…

ce que tu écris mot pour mot j'aurais pu l écrire , je l éprouve dans ma chair
j'espère que la femme à laquelle tu penses trouvera la force de se redresser
Je suis sure qu'elle pourra compter sur ton soutien
La vie n'est pas un long fleuve tranquille
voilà pourquoi de toutes mes forces j'ai toujours voulu travailler pour garder mon indépendance ma liberté ma personnalité
en écrivant cela attention loin de moi l'idée de juger un autre choix
c'est mon ressenti et avec le recul , je suis en fin de carrière ... ayant 54 ans si c'était à refaire je ne changerais rien
et pourtant que ce fut difficile parfois culpabilité vis à vis de mes petitous
Courage plume

Fraise a dit…

Un texte superbe, qui résonne fortement en moi. Bravo, et merci

Après vous a dit…

Bravo pour ce texte, magnifique, spontané, vrai et ...plein d'une belle sensibilité.

lilou a dit…

c'est beau et vrai ce que tu ecris...