mercredi 13 janvier 2010

Pitié pour Haïti



Toute ma vie de lycéenne j'ai oeuvré activement dans le cadre d'un jumelage franco-haïtien.

Après avoir subit des années de dictature (quand je pense que la France a donné l'hospitalité à Baby Doc en exil, p*t§in!) quasiment tout ceux qui n'avaient pas les mains sales étaient pauvres.
A l'époque les premières élections légales n'avaient encore pas eu lieu, les tontons makoutes étaient encore à l'ordre du jour. Les opposants pouvaient être enlevés chez eux et être retrouvé en plusieurs morceaux 20km plus loin, les emprisonnements arbitraires étaient légions et les prisonniers ne recevaient médicaments et nourritures que selon le bon vouloir de leurs proches, la précarité régnait partout.
Haïti reste le pays le plus pauvre du monde depuis des décennies (ou le 2ème le plus pauvre, selon les années).
Nous organisions des expositions, des conférences, et surtout des soirées très courrues. Je me souviens qu'à partir de 300 personnes on devait refuser les entrées et les esprits déçus s'échauffaient dehors. Nous rencontrions la communauté haïtienne de Paris et faisions connaissance avec cette culture. Nous n'avions que 15, 16, 17 puis 18 ans. On transformait les recettes en dollard et on parvenait à faire passer cela, croyez moi je jure que c'est vrai, dans un soutien gorge porté par une bonne soeur qui chaque année risquait plusieurs fois sa vie pour cela, seule à ne pas être fouillée sur un vol dans un coucou improbable.
Cela servait à ces prisonniers, à créer des bassins de poissons Tilapia (très facile à élever de façon peu onéreuse et à très bon rendement énergétique), à réparer des écoles...

Je me souviens que dès que les premières élections ont eu lieu j'ai voulu y aller et que maman s'y est opposée "tant qu'il n'y aura pas d'ambassade française sur place". Finalement je n'y suis encore jamais allée. Et le président Aristide n'a pas été aussi brillant et réglo qu'espéré, c'est le moins qu'on puisse dire. On peut même dire que le calme n'a pas régné longtemps. Cela restait risqué de s'y rendre.
Beaucoup plus tard un ami (un de mes ex-, en fait) y a vécu 2 ans pour préparer avec l'ONU les futures élections libres. Il y a rencontré sa femme, qui est haïtienne.

J'aurai toujours une oreille particulière pour ce qui s'y passe.
Les haïtiens sont des gens très chaleureux, courageux. Le régime social et politique est différent aujourd'hui mais leur vie est dure. Le contraste avec la vie décrite à Saint-Domingue (la partie Est de la même île!!!!!) avec ses hôtels de luxe et son tourisme de masse m'est proprement odieux. Vous en avez sûrement déjà vu, des images de ces plages paradisiaques. Cela signifie tellement que la vie pourrait être belle aussi à l'Ouest!

Leur pays est souvent touché par les tornades alors que bien des maisons ne sont pas bien solides.
Ce qui leur arrive aujourd'hui est une telle catastrophe...
Ne restez pas indifférents à ça!

3 commentaires:

kikizita a dit…

Moi aussi, bouleversée par cette nouvelle ce matin, et pourtant sans liens aussi forts que toi avec Haïti. Quelle tristesse et quel acharnement écologique ces dernières années !

myriam a dit…

Indifférent, comment peut-on l'être face à l'horreur ?
Je comprends ton attachement à ce pays (moi, c'est le Liban qui reste dans mon coeur, pour lequel je tremble à chaque reprise de guerre...). On va faire le peu que l'on peut, d'ici.

Plume a dit…

Je suis totalement effarée que la blogosphère parle si peut d'Haïti, ne se mobilise pas de façon affichée, quand cela n'hésite pas pour le Tibet, le cancer du sein et autres causes (et heureusement pour ces causes, je ne joue pas les Pierre Bergé!).
Je ne comprends tellement pas ce silence qui fait décalage...